Les abeilles dans le monde
Les entomologistes ont identifiés plus de 20000 espèces d’abeilles dans le monde, dont 1000 sont présentes en France. Ces insectes appartiennent à l’ordre des hyménoptères et constituent la super-famille des Apoïdes. Leurs proches parents sont les bourdons, les guêpes, les frelons et les fourmis.
Ces insectes ne vivent pas tous en colonie. Beaucoup d’abeilles sont solitaires et ne partagent pas leur nid avec leurs consœurs. Ainsi notre abeille domestique – de son nom scientifique Apis mellifera – est en quelques sorte une remarquable exception.
L’abeille domestique
L’abeille domestique a probablement acquis son statut d’espèce il y a 5 millions d’années et trouve ses origines en Asie mineure. Elle intéresse les êtres humaines depuis la préhistoire. Le miel sera pendant très longtemps la principale source de sucre et il y a encore une centaine d’année, la plupart des fermes françaises avaient une ou plusieurs ruches pour couvrir les besoins de la famille.
Les sous-espèces de l’abeille domestique
L’abeille domestique se rencontre en Afrique, en Europe et à l’ouest du continent asiatique. Couvrant une très vaste aire de répartition – où l’on rencontre des climats et des flores très diversifiés – cette espèce a évolué en plusieurs sous-espèces et variantes régionales. Rien qu’en Europe plusieurs sous-espèces sont présentes. En voici les principales :
- L’abeille italienne (Apis mellifera ligustica) se retrouve seulement en Italie
- L’abeille carniolienne (Apis mellifera carnica), est originaire du sud de l’Autriche, de la Slovénie et des Balkans
- L’abeille caucasienne (Apis mellifera caucasica), peuple l’est de la Mer Noire
- L’abeille ibérique (Apis mellifera iberica), est originaire d’Espagne et du Portugal
- Et l’abeille noire (Apis mellifera mellifera), se rencontre à l’ouest de l’Europe et notamment sur l’ensemble de la France.
L’organisation et le fonctionnement de la colonie
Une colonie d’abeilles est constituée d’une seule reine. C’est l’unique femelle qui – en situation normale – est apte à pondre. Elle va engendrer une importante descendance constituée de femelles, les ouvrières, et de mâles, que l’on nomme faux bourdons.
La cohésion de sein de la colonie repose sur une communication basée sur les phéromones. Ces molécules rythment la vie de la colonie et des abeilles. Et il en existe un grand nombre. Certaines sont diffusées par la reine et inhibent la ponte chez les ouvrières. D’autres sont produites par les ouvrières et signalent le danger ou commandent le rassemblement de la colonie…
Enfin ajoutons quelques mots sur la danse des abeilles. Celle-ci est exécutée par les éclaireuses qui sont de retour d’un vol d’exploration. Cette danse signale aux autres abeilles une source de nourriture. Cette danse “en huit” donne l’angle de vol et la distance à parcourir depuis la ruche. Et pour enrichir les informations, l’éclaireuse qui danse régurgite une goutte de nectar pour que les autres abeilles identifient l’espèce florale.
L’abeille noire et ses variantes
L’abeille noire est l’espèce qui peuple naturellement les forêts et les campagnes françaises. Il s’agit d’une sous-espèce que les entomologues et les apiculteurs qualifient de robuste et endurante. Elle se rencontre sous des climats divers et exploitent des flores différentes d’une région à une autre. Elle s’est donc diversifiée en plusieurs variantes géographiques toutes adaptées à un environnement particulier.
Une abeille robuste
L’abeille noire est en effet capable de résister à des hivers froids longs de plusieurs mois. La taille des colonies est variable en fonction des saisons. Car la reine possède la faculté de contrôler sa ponte selon la disponibilité en ressources alimentaires et la saison. Ainsi les abeilles noires passent l’hiver avec des essaims comportant entre 5000 et 10000 individus. Alors que durant l’été ceux-ci atteignent parfois les 50000 individus.
D’autres sous-espèces – et notamment l’abeille italienne – traversent l’hiver avec des colonies beaucoup plus importantes. Lorsque les hivers sont longs, ces abeilles épuisent plus vite leurs réserves de miel. Et parfois les apiculteurs doivent les nourrir avec du sucre sans quoi elles mourront de faim…
Une abeille endurante
Les abeilles récoltent du pollen et du nectar pour nourrir les larves et couvrir les besoins alimentaires de la colonie. Contrairement aux guêpes et aux frelons, les abeilles ne chassent pas d’insectes. Elles sont exclusivement végétariennes.
Pollen et nectar sont produits par les fleurs portées par des plantes de nombreuses familles d’herbacées, d’arbustes et d’arbres. Les floraisons de ces végétaux interviennent à des périodes variées durant l’année ; bien qu’elles se concentrent surtout au printemps et au début de l’été.
Pour subvenir à leurs besoins durant toute l’année, les abeilles doivent parcourir les environs de leur ruche pour récolter suffisamment de nourriture. On estime que les abeilles cumulent 150000 km et visitent 6 millions de fleurs pour produire un kilogramme de miel !
Les abeilles vont visiter des fleurs qui se trouvent à quelques kilomètres de leur colonie. Généralement l’exploitation des ressources est intense dans un rayon d’un kilomètre, mais les récoltes se font souvent jusqu’à trois kilomètres du nid. Mais des chercheurs ont détecté des abeilles noires à plus de 10 kilomètres de leur ruche !
L’abeille noire semble de toutes les sous-espèces européennes celle qui est capable de voler le plus loin et de transporter le plus de pollen durant un voyage. Ses capacités en font un auxiliaire précieux des plantes puisqu’une abeille va visiter de nombreuses fleurs d’une même espèce durant une collecte. Elle va ainsi permettre une pollinisation importante.
La pollinisation des fleurs est nécessaire pour que les espèces végétales puissent se reproduire. C’est pour cela que les scientifiques qualifient l’abeille d’espèce “clé de voûte”. Car sans elle, de nombreuses espèces disparaîtraient et l’écosystème s’effondrerait.
Protéger les abeilles noires en France
Les abeilles noires sont malheureusement en régression et deviennent rares dans de nombreuses régions de France. Ce déclin a plusieurs origines, mais bien entendu toutes ces causes sont liées aux activités humaines. En voici les principales.
Utilisation de pesticides
Depuis les années 1990, de nombreux agriculteurs se sont tournés vers des insecticides systémiques pour protéger leurs cultures. Ces molécules pénètrent dans la plante et y circulent afin de la protéger des insectes phytophages. Ces toxines se retrouvent ensuite dans le pollen et le nectar des fleurs. Et lorsque les abeilles viennent les butiner, elles collectent des aliments toxiques. Leurs ruches sont alors contaminées et les colonies meurent en grand nombre.
L’agriculture intensive est probablement l’activité qui cause le plus de tort aux abeilles, à l’apiculture et à l’environnement. Chaque année des milliers de ruches disparaissent et de nombreux apiculteurs sont forcés d’arrêter leurs activités.
Modification des paysages
Les paysages ont été impactés par les aménagements agricoles, industriels et par l’urbanisation. Les haies qui séparaient les champs ont pour la plupart étaient détruites durant le remembrement des parcelles. Les prairies et autres zones humides ont été drainées et de nombreuses forêts ont été plantées de seulement quelques essences d’arbres.
Par conséquent les abeilles ne trouvent pas toujours suffisamment de ressources pour constituer des réserves suffisantes et survivre aux hivers.
Notons aussi que les arbres qui présentent des cavités susceptibles de recevoir une colonie d’abeilles sauvages se font de plus en plus rares. Ces arbres sont souvent abattus avant qu’ils n’atteignent un âge avancé. Ou bien ceux qui sont fragilisés par la formation de trous sont abattus par mesure de sécurité.
Introduction de ravageurs
Le commerce et les échanges internationaux sont à l’origine d’introduction de maladies, de parasites et de prédateurs inconnus de nos abeilles européennes. Ces ravageurs peuvent aussi détruire en quelques semaines ou mois des colonies initialement en bonne santé.
Le varroa
Le varroa (Varroa destructor) est un acarien qui se fixe sur les larves et les abeilles adultes. Il se nourrit de l’hémolymphe de l’insecte, c’est-à-dire un liquide qui à des fonctions proches de celles du sang des vertébrés. Ceci va affaiblir l’abeille jusqu’à la tuer.
Originaire d’Asie, le varroa parasite des abeilles qui savent pour leur part limiter les infestations. En effet, les abeilles asiatiques savent s’épouiller et se débarrasser des acariens. Ainsi l’équilibre entre les varroas et les abeilles asiatiques est maintenu sans que les colonies en bonne santé ne soient menacées.
Mais les abeilles européennes n’ont pas de comportement d’épouillage. Les infestations de varroa peuvent alors décimer toute une colonie. Ainsi les apiculteurs doivent surveiller et traiter les ruches qui sont trop atteintes. Cette activité demande de la technicité et de la prudence. Car ces traitements peuvent être dangereux pour les abeilles.
Le frelon asiatique
Le frelon asiatique est un redoutable prédateur des abeilles. En Asie du sud-est, sa région d’origine, les abeilles ont mis en place des comportements pour s’en défendre. Mais comme pour le varroa, nos abeilles européennes sont incapables de lutter contre ce prédateur. Les frelons capturent les abeilles sur les lieux de butinage, mais principalement à la sortie de la ruche. Un seul frelon peut tuer des centaines d’abeilles.
Ainsi les dégâts dans les ruchers peuvent être très importants. Mais il existe des méthodes pour limiter les populations des frelons asiatiques. Ces méthodes consistent à piéger durant l’hiver et au début du printemps les reines frelons avant qu’elles ne bâtissent leur nid. Plus tard dans la saison, la destruction des nids est nécessaire. Mais attention, cette opération doit être réalisée par des professionnels. Car les frelons sont des animaux très dangereux lorsqu’on s’approche de leur nid.
Le coléoptère des ruches
Cet insecte est nommé par les scientifiques Aethina tumida. Il est originaire d’Afrique australe et s’est récemment implanté sur le continent européen. Actuellement présent en Italie, il pose de graves problèmes aux apiculteurs de la péninsule. Malgré les efforts déployés, sa progression n’est pas freinée et il est à craindre qu’il s’implante dans d’autres pays européens.
Pollution génétique
L’apiculture est une pratique qui demande des méthodes performantes pour être rentable et permettre la survie financière des exploitations. Les apiculteurs se sont tournés vers l’élevage de sous-espèces capables de butiner plus tôt en saison et d’emmagasiner davantage de miel que ne peuvent le faire les abeilles locales.
L’introduction d’abeilles qui ne sont pas présentent naturellement en France pose des problèmes de pollution génétique. En effet, les abeilles de différentes sous-espèces peuvent s’accoupler et se métisser. Les lignées obtenues n’ont pas les mêmes comportements que les abeilles locales et sont généralement inaptes à survivre sans l’action d’un apiculteur.
Ainsi, l’élevage de sous-espèces “exotiques” ou de races sélectionnées est discutable d’un point de vue écologique. Mais le choix fait par les apiculteurs est une réponse logique à un marché du miel qui s’est internationalisé et où il existe une forte concurrence avec les productions importées de Chine et d’ailleurs.
Heureusement des associations travaillent pour préserver le patrimoine génétique des abeilles noires locales. Des conservatoires de l’abeille noire ont été créés et permettent de multiplier et de diffuser les souches en voie de disparition. Et des centres de recherche s’investissent dans la sélection de lignées d’abeilles noires qui pourraient intéresser les apiculteurs : résistance au varroa, comportement moins agressif, meilleure production de miel, développement plus rapide des colonies au printemps…
Se former à l’apiculture
Si vous souhaitez vous tourner vers l’apiculture – pour en faire une activité de loisir ou bien suivre le chemin d’une reconversion – alors vous devez préalablement vous former.
En effet, les abeilles sont des êtres sensibles qui demandent des soins particuliers pour pouvoir vivre dans une ruche. De plus l’activité d’apiculteur n’est pas sans risque car les abeilles sont capables de piquer lorsque leur colonie se sent agressée.
Un premier contact avec les abeilles peut se faire dans un rucher école. Vous trouverez sans doute une structure pas très loin de chez vous. Pour vous y aider, consultez la liste des ruchers écoles en France.
S’initier en apidologie
Les sciences de l’abeille et l’apiculture vous intéressent ? Les abeilles ont des milliers de secrets à nous révéler. Si vous souhaitez en apprendre davantage sur ces insectes, il est possible de vous former à distance à l’apidologie.
La formation “apiculture et monde des abeilles” est centrées sur des visioconférences animées par des experts et des professionnels. Ces activités en direct vous permettront de poser vos questions. Une plateforme permet également les interactions avec les autres apprenants et le tuteur pédagogique. Des ressources sont aussi consultable 24 heures sur 24. Pour en savoir davantage sur la formation en apiculture à distance consultez ce site.